4 mai 2010

Saint Joseph, une île du bagne ?

Le nom de Saint Joseph désigne bien des lieux, plutôt des chapelles et quelques fois des églises comme celle d'Iracoubo. C'est un saint discret.

Dans l'archipel des îles du Salut l'une méritait sans doute le nom de ce saint homme.

J'ai toujours imaginé Saint Joseph comme un être bienveillant et plein de compassion, comme un père qui pardonne au plus turbulent de ses enfants.

Mais en Guyane les hommes ont eu beaucoup d'imagination. Enfin, si on veut, parce qu'en certains endroits ils ont simplement donné le nom d'où ils venaient. A Angoulême, c'étaient des charentais peut-être. Quand à Saint Laurent, il y en a tellement qu'il y a un club des villes qui portent de ce patronyme.

Au 19ème siècle, certains on voulu faire de la Guyane une colonie modèle en implantant le bagne pour y déporter les détenus et les rééduquer. Quelle idée !

L'administration pénitentiaire dans sa grande magnanimité a installé des bagnes, c'est-à-dire des camps de travail un peu partout. Les vestiges sont encore visibles. Vestiges ou cicatrices ?





Aux îles du Salut, ce sont les cas spéciaux qui ont été internés. Sur l'île Royale ou l'île du Diable, ma foi cela peut sembler normal. Faussaires, rois de l'évasion, détenus dangereux (pas d'anges heureux, faut pas croire quand même !) et autres prisonniers politiques (Dreyfus) ou symboliques (Seznec, Dieudonné). Je vous rassure celui-là n'était pas un humoriste mais un anarchiste qui avait croisé la bande à Bono, mais seulement croisé.

Comment des esprits chrétiens, que dis-je catholiques, ont pu avoir l'idée d'installer un pénitencier sur une île que d'autres avant eux avaient appelé Saint joseph ?

C'est un mystère, je n'ai pas l'explication.

Et pas n'importe quel bagne, non pas un gentil camp de travail comme aux Hattes, à Godebert ou à la Forestière non c'est la Réclusion qui a été installée sur cette petite île dont le mouillage est maintenant un havre pour les bateaux de passage.








Quand on parcourt ce lieu, on a l'impression que les pierres ont gardé en mémoire la souffrance de ces hommes qui avaient été jetés dans ces geôles minuscules.


J'ai ressenti une impression bizarre en flânant à travers ces bâtiments laissés l'abandon depuis quelques décennies. Un sentiment palpable, presque physique, de détresse et de peur.

La nature fait pourtant ce qu'elle peut pour effacer les traces de cette horreur.
Mais la tâche est immense.



Il y a pourtant un lieu paisible sur cette île : le cimetière. En regardant les tombes de plus près on voit des tombes d'enfants et de jeunes femmes. Non ce n'étaient pas des bagnards mais les familles des gardiens. Quoique... c'était le bagne pour eux aussi.


Et après, on s'étonne que rien n'avance en Guyane, que toute réalisation ou initiative prenne du temps pour sortir de terre ou des dossiers.

Moi qui porte Joseph comme deuxième prénom, je crois que les hommes ont fait une grosse erreur. Mais ce n'est pas Saint Joseph qui se fâcherait pour ce manque de respect.

Depuis un peu plus de trois ans moi aussi je suis au bagne. J'habite une maison construite par les bagnards. Chaque soir, je suis enfermé même si c'est moi qui ferme à clé.

Je vous passe les détails de la vie locale et des nombreux exemples qui me font croire que quelque chose cloche dans ce pays. Même Albert Londres le père du reportage moderne n'avait pas donné d'explication. Ah Albert !

Après tant de douleur et de souffrance, je crois que les bagnards se vengent.

15 février 2010

Nouvel an sur Shadococo

J'ai retrouvé mon ami René, alias Captain Shadok, au mouillage de Kourou.


Un mouillage tranquille sur la rivière où il ne faut qu'un minute dans l'annexe pour rejoindre le ponton. J'y suis accueilli par un joyeux équipage que j'ai eu le plaisir de recevoir à Saint Laurent.



Certains ont pris l'avion pour le retour vers la métropole et son hiver bien froid.

Et voilà le départ avec le passage de la pointe de Kourou que nous laissons à babord.
A l'avant, le capitaine dirige la manoeuvre.


Bon, finalement, c'est cool le boulot de capitaine !



C'est fait, nous passons la bouée qui marque l'entrée de la rivière avec au fond l'hôtel des Roches.



Captain René est content des ses matelots.



Après une courte navigation d'une heure et demie Shadococo a jeté l'ancre auprès de l'île Saint Joseph, l'une des trois Iles du Salut avec Royale et l'île du Diable.



Mais si on veut manger il faut pêcher ! C'est parti pour le tour de Royale.


La mer est plutôt calme.


Shadococo est un beau catamaran de 12,50 m avec 4 cabines.
Pour suivre ses aventures et celles de Captain René c'est sur Capitshadok.fr


Le retour sur Kourou se fait avec un bon grain et les cirés ne sont pas de trop.
Il ne reste que la moitié de l'équipage sur le pont !


Un bonne averse pour fêter l'arrivée au mouillage.


Et pour finir un week-end en mer : un bel arc-en-ciel !